Nous étions treize « disciples » à table, au bistrot d’Eustache ce dernier samedi.

Des rires fusèrent, qui t’auraient fait plaisir, nous en sommes assez convaincus, à la lecture de tes textes, à l’évocation de ta vie, de tes traits d’esprit et de poésie, …, Monique.

Chacun put évoquer quelque souvenir ; Françoise Lonquety nous lut un message de Janick Belleau, et de sa rencontre avec Monique et Jacques, son mari. Ben et Thomas, leurs deux fils purent ajouter leurs voix à la nôtre, à la tienne. Marie-Alice Maire nous lut ce malicieux « haïku » de Michel Duflo : « Kukaï au paradis / elle apprend au bon dieu / les règles du haïku », que tu aurais sûrement bien apprécié !

Chacun put lire également quelque haïku de toi. De ceux-ci, j’aimerais encore citer les suivants :

De nos différents kukaïs (auxquels tu assistas dès l’année de nos débuts, 2007, jusqu’à ce dernier mois de juin 2015) :

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un oeil à droite un oeil à gauche / le monde n’est pas pareil / pour la libellule

: KP 28 du 4/4/2009.

le frelon myope / sur la fleur en plastique / au cimetière

: K.P. 40 du 10/4/10.

L’écureuil écolo / a ramassé les kleenex / derrière l’hôpital

: K.P. 42 du 12/6/10.

Conversations / croisées dans le métro / Vivement La Muette

: K.P. 55 du 25/6/11.

la petite fille / ne sourit pas à ses grimaces / tristesse du clown

: KP 82 du 12/10/13.

Ombres d’hirondelles / sur le mur blanc du matin / Nos sourires croisés

: KP 86 du 8/2/14.

Yeux noirs olive / le corbeau guette les miettes / de ma pizza

: KP 95 du 15/11/14.

Huiles essentielles / d’estragon dans le cou / – Tu sens la salade

: KP 98 du 7/2/15.

L’orage s’éloigne / la tête sur mon ventre / il se rendort

: KP 101 du 30/5/15.

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Du « recueil » intitulé « A mon père » :

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La Loire grise traînasse / Je me dépêche d’arriver / Dernier rendez-vous

Cuvette d’émail / rouillée dans le jardin vide / herbe du chemin

Sur le pot de chrysanthèmes / un superbe papillon / d’anniversaire

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Et enfin, du magnifique haïbun « Le voyage au Japon », datant de novembre 2008 :

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On ne voit pas bien / le clown blanc sur les cailloux blancs / du jardin Zen

, où Ben et Thomas ont cru déceler que Monique aurait pu se définir comme ce clown blanc !

Si les fleurs volaient / autour des papillons / ça changerait quoi ?

Ô Bouddha de cinq cents tonnes / serait-ce trop te demander / de me rendre plus léger ?

Dans la maison carrée / où caser mon âme ronde / comme la lune ?

Disparaître ? / Laissez-moi être / un petit érable blanc

Venir de si loin / pour se perdre à jamais / dans la beauté

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et, le dernier haïku de ce recueil :

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Revenue du bout du monde / celle qui marchait sur la tête / c’était moi

: Mo(nique) Coudert.

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(à suivre : la deuxième partie : le « kukaï » proprement dit.)